Sur la RN 7 de Madagascar - Jour 3

Posté par Cha et Rom

Jour 3 - "Rendez-vous en terre inconnue" chez les Zafimaniry

Après une nuit reposante puis un réveil matinal dans un charmant petit d'hôtel d'Ambositra, nous retrouvons Roger à l'heure prévue. Nous l'avons rencontré la veille au soir et il sera notre guide jusqu'au village Zafimaniry d'Ifasina. Cependant, avant d'attaquer les choses sérieuses, le ravitaillement pour le pique-nique de la rando s'impose ! Ainsi Roger en tant qu'"enfant du pays" nous introduit dans l'agitation matinale d'Ambositra et son marché... Au menu, du pain frais vendu avec le sourire, un fromage fermier au lait de vache déniché dans une des nombreuses petites boutiques et un régime de bananes choisi par Roger sur le marché (et c'est un expert en choix de bananes succulentes... il faut prendre les bananes crottes de puce, celles avec des petites taches...).

 

Pour accéder au point de départ de la randonnée, deux heures de pistes en voiture sont d'abord nécessaires. L'inconvénient est qu'en cette saison des pluies la piste est parfois difficilement praticable et cela nous amusait à l'avance de savoir que Roger nous conduirait en 4L 4x4 ! Finalement Mamy s'étant renseigné, la piste pouvait à priori être empruntée par la 406. C'est donc "mora, mora" (doucement, doucement... phrase fétiche des malgaches et quasi élevée au rang de devise nationale !) que nous avons arpenté la piste isolée au milieu d'une infinité de rizières nous dévoilant toutes les nuances de vert possibles. Dans cette région paraissant isolée, nous croisions très régulièrement des gens au travail.

Roger nous propose un arrêt à la rencontre d'orpailleurs à l'ouvrage. Ces chercheurs d'or, enfants pour la plupart ont le visage illuminé par leur sourire. Nous devons comme promis faire parvenir leurs photos à Roger pour qu'ils les récupèrent. C'est aussi le temps de goûter au patates douces, déjeuner gentiment partagé dans la rigolade à l'observation du vazaha qui mange le légume "local".

Un vazaha goutant la patate douce

Avant de vous faire vivre notre arrivée dans un des villages Zafimaniry, une petite introduction s'impose sur ce peuple de Madagascar.

Les Zafimaniry vivent en autarcie dans des villages totalement coupés du monde extérieur car isolés dans la forêt tropicale et les montagnes de la région. Ces villages ne sont accessibles qu'en randonnée (et trek de plusieurs jours pour les plus reculés).

La randonnée fût l'occasion de découvrir de nombreuses espèces végétales dont les orchidées sauvages d'altitudes.

Monument mortuaire Zafimaniry

  

Caméléon des montagnes

Village Zafimaniry d'Ifasa

C'est l'heure du pique-nique !

Historiquement, les Zafimaniry ont quitté Tanararive, chassés par la Reine, pour se réfugier dans des terres isolées de l'île ! La signification du mot "Zafimaniry" est "les enfants désirant du riz", denrées qu'ils n'arrivaient plus à cultiver sur leurs terres d'altitude. 

Ce peuple ne s'est "ouvert" que très récemment à la civilisation, tout en gardant leur vie traditionnelle et en autonomie. Ainsi, les Zafimaniry ont développé une culture, un mode de vie, des croyances, un savoir-faire qui leur sont propres. Mais n'ayons pas peur des mots car plus qu'un savoir-faire, il s'agit d'un art... les Zafimaniry ont notamment le talent du travail du bois. Pas n'importe quel bois s'il vous plait puisque l'on parle là des bois denses et précieux de la forêt tropicale qui les entoure... Palissandre, Ébène... Chaque maison est alors un "bijou architectural" et construite par assemblage, tel un puzzle, pièce par pièce sans clou ni visse. Pas étonnant que cette société et leurs villages soient classés au patrimoine mondial de l'UNESCO !

Arrivés au village, les enfants accourent vers nous en criant "vazahas, vazahas ! gateaux, gateaux !" Ce qui est frappant c'est que les enfants occupent parfois des tâches d'adulte, une fillette de 7 ans qui porte sa soeur, un petit garçon fagot de bois à l'épaule, la hache traditionnelle à la main...

École du village

Nous avons ensuite été accueilli selon les traditions par le "Sage" du village, Jean, un doyen de 86 ans dont l'apparente forme physique à cet âge ferait rêver n'importe qui ! Assis sur notre petit siège en bois à ras le sol de la maison, nous écoutions Jean, debout face à nous, nous souhaiter la bienvenue et sa joie de nous rencontrer. En plus de l'écouter religieusement, nous le regardions d'un air admiratif tant il s'exprimait autant avec les mains qu'avec les mots !

Nous nous sommes enrichis de leurs nombreuses traditions (l'orientation identique des maisons d'Est en Ouest, la place et le sens des choses qui composent l'intérieur des habitations, l'importance accordée aux ancêtres et à la famille, la signification des gravures sculptées sur les portes et fenêtres etc...).

Après le don de quelques présents (notamment les gâteaux secs attendus avec impatience par les enfants mais avec une discipline imposée par Roger et Jean), nous avons été présentés à la matrone du village. L'arrivée dans la maison enfumée (les Zafimaniry cuisinent au feu de bois dans leur habitation) irritait les yeux et la gorge. Sous un toit couvert de maïs pendus à sécher, nous avons pu converser (grâce là encore à notre traducteur Roger) avec cette "sage-femme" dont les connaissances en plantes médicinales permettent notamment de soulager les contractions.

Malgré la pluie fine et les désagréments digestifs de Charlène en pleine montagne (en mode "Koh-Lanta"), le chemin du retour s'est fait avec des images plein la tête et des souvenirs indélébiles de cette rencontre exceptionnelle.