Rechercher dans ce blog

Agriculture mahoraise et padza

Posté par Rom

Une randonnée sympa avec l'association des Naturalistes partant de Vahibé jusqu'à l'ancienne carrière de Doujani nous plonge au cœur de terrains agricoles. Historiquement, l'agriculture locale est exclusivement vivrière avec les plantations de bananes, de maniocs, d'ambrevades, de songes... (espèces locales adaptées au climat et au sol)



                         Jacque, fruit du Jacquier                                                            Ambrevades




L'arrivée des M'zungus sur l'île a encouragé le développement d'une agriculture de maraichage (salades, tomates...) beaucoup plus consommatrice d'eau, d'espace et de pesticides (parfois sur-employés par les agriculteurs locaux par méconnaissance).

Les techniques traditionnelles sont relativement inadaptées à la production en grande quantité puisqu'elles sont dévastatrices pour l'environnement. La démographie de l'île à littéralement explosée de 1970 à nos jours (immigration, natalité, expatriation) mais les méthodes agricoles n'ont que peu évoluées depuis le temps où il était facile de nourrir une population quatre fois moindre... 

Les mahorais utilisent par exemple la technique du brûlis, c'est-à-dire qu'ils se débarrassent des déchets végétaux en les brûlant. Ainsi plutôt que d'enrichir la terre de ces déchets, le sol s'appauvrit et ceux d'autant plus par le feu. L'épaisseur de la terre alors mise à nu se réduit au fil des années, aidée par le ravinement des pluies tropicales... ce forment alors les padza dénués de végétation et où plus rien ne pousse. Rien de naturel ainsi dans tout cela...


                                     Padza "rouge"

Padza "blanc"



Les couleurs rouge latérite ou blanc ça peut faire joli sur le paysage mais il s'agit pourtant d'éviter à tout prix leur formation. Il en va de la survie des reliquats de forêts mais également de la santé des récifs coralliens dans le lagon. En effet, la mise à nu des sols favorise le ravinement de terre dans le lagon lors des pluies. L'ensablement du lagon et la perte de transparence de l'eau peut nuire à un écosystème fragile que représentent les coraux. Ces derniers ont entre autre besoin de lumière pour effectuer la photosynthèse... donc d'une eau limpide ! CQFD

Les activités humaines en terre peuvent donc avoir de grandes répercussions sur le lagon... Heureusement la mangrove (forêt entre terre et mer) joue le rôle de filtre en retenant cette terre charriée... enfin lorsqu'elle est encore présente sur le littoral !

Ancienne carrière de Doujani

Grande lessive
Vue sur le Mont Mtsapere (rare reste de forêt primaire de l'île)




La randonnée nous a aussi plongé dans des plantations d'ylang-ylang (dont certaines étaient à l'abandon). Cet arbre est à l'origine de la très célèbre fleur emblématique de Mayotte (qui figure notamment sur le drapeau). La culture d'ylang-ylang a connu son âge d'or à Mayotte où l'on produit une des meilleures huiles essentielles au monde selon les parfumeurs. Malheureusement, cette activité économique est en déclin continu et n'a plus rien à voir avec ce qu'elle était autrefois !


Alambic distillateur à l'abandon...


Enfin, notons que même si Mayotte présente une végétation tropicale luxuriante, les forêts primaires (vierges, aux espèces végétales endémiques) sur l'île sont exceptions. La cause ? L'activité humaine... Notamment la période coloniale de Mayotte qui a surement profondément modifier le territoire lorsque les colons français déboisaient intensément pour faire des champs de canne à sucre... Alors qui peut donner des leçons d'écologies ?

2 commentaires:

  1. Rando très culturelle, après avoir lu votre article, nous avons eu l'impression de randonner avec vous.
    Bisous

    RépondreSupprimer
  2. Très intéressant!! (sans ironie^^)
    Ca fait un peu Yann Arthus Bertrand sur certains passages (style:"observez un peu ces couleurs... Magnifique non? Pourtant elles sont le résultat d'une activité humaine destructrice pour l'écosystème si fragile du lagon!!)
    Je n'imaginais pas qu'on pratiquait encore la culture sur brulis dans un département français.
    D'ailleurs Mayotte étant un département français, les exploitants mahorais ne bénéficient ils pas de subventions de la part de la PAC? Ou alors les exploitations sont elles de tailles trop réduites pour y prétendre?

    Ce commentaire est compensé carbone!!! ;-D

    RépondreSupprimer

Accueil Accueil Accueil